La continentalisation des guerres devenues nationales au moyen des levées en masse.
Le caractère d’idéologisation des guerres ou s’affrontent désormais des visions irréductibles de l’homme et du monde.
Le surcroît des guerres civiles à celles menées entre les nations, par des citoyens divisés prenant partie pour des camps qui s’affrontent en lien avec des systèmes opposés d’idées et de valeurs.
Silvio Trentin retrace bien le climat commun des deux périodes : "Son oeuvre se situe bien (...) dans cette Europe de la deuxième décade du XIXe siècle qui voit s’éteindre les dernières flammèches de la Grand Révolution et s’écrouler, dans un fracas de ruines, la folle aventure tentée par Bonaparte et se dresser impitoyablement sur son corps, à l’aide des baïonnettes et des potences, les solides piliers que la Sainte Alliance vient d’établir à Vienne." C’est donc durant deux périodes de reflux qu’ont vécu Giacomo Leopardi et Silvio Trentin avec pour effet d’entrainer la diffusion d’un grand pessimisme historique surtout parmi celles et ceux dont le tempérament et le métier est de penser et de décrire leur époque. Silvio Trentin a vu démocratie être progressivement étouffée, de 1922 à 1924, puis à partir de 1926, être brutalement écrasée en Italie. En 1933, il assisté à l’accession au gouvernement d’Hitler et à l’installation rapide d’un pouvoir impitoyable ouvrant des camps de concentration pour ses opposants et mettant en oeuvre un antisémitisme d’Etat qui va basculer dans l’horreur. Il a personnellement observé, puis secouru, les républicains espagnols et catalans si peu aidés qu’ils ont fini par ployer sous les armes des dictatures fascistes, lesquelles ne ménagèrent jamais leurs appuis, argent, et armes et à leur allié Franco et à la "vieille Espagne". Il a du assurer personnellement la pénible tâche d’honorer ses amis tués, comme l’avocat républicain, Mario Angeloni, le socialiste Fernando De Rosa, son camarade de "Giustizia e livrât", Libero Battistelli. Il a assisté à l’assassinat en France même de l’économiste Carlo Rosselli qui était son ami et qu’il estimait entre tous. Aussi se tourne t-il, durant cette conférence prononcée le 13 janvier 1940, "dans les ténèbres du siècle" vers le poète de la souffrance en exprimant à l’assemblée d’exilés ce que des êtres humains frappés par le sort des armes mais invaincus moralement éprouvent en commun avec le poète de Recanati : "Il nous a mis à même de célébrer, par le rapprochement de nos communes souffrances (...) la fraternité (...)